Nous avons le plaisir de vous annoncer que nous sommes lauréat a l’unanimité du jury; avec Sonia Cortesse mandataire; pour la construction de la nouvelle école maternelle Jeanne et Maurice Dudragne à Villiers sur marne [94]

Lettre à destination du jury

CONSTITUER DES REPÈRES

Sur l’avenue Montrichard, la prévalence de l’ancienne gendarmerie est maintenue ; son mur de meulière à l’alignement rejoignant un petit édifice à simple pente, et contenant deux majestueux tilleuls, est préservé et restauré, c’est du bel ouvrage qu’il faut honorer. La gendarmerie change de fonction à nouveau pour devenir partie de l’école.

C’est à la rencontre de l’ancien et du neuf, dans cet entre-deux de l’Histoire que l’on entre dans l’école. Implantés sur la rue Dudragne, une succession de petits édifices s’accotent au-dessus d’un mur d’enceinte contemporain, à la façon des pratiques paysagères résidentielles attentionnées dans ce quartier anciennement du Moulin du Villiers.

Ce sont des petites « maisonnées-classes » à l’échelle de l’enfant et restant en retrait de la belle autorité de ce bâtiment, le seul implanté à l’angle des voies, comme une petite tour de vigie. La nouvelle école s’installe dans cette petite échelle, séquencée, pour faire le lien avec les alentours et réduire l’effet de front urbain de l’alignement. 

Ces constructions se distinguent chacune et permettent à l’enfant de fabriquer ses repères. «Maman, c’est ma classe Là, tu la vois !? tu la vois !? » 

Au sud, en retrait de la belle frondaison des tilleuls centenaires de l’avenue, un corps de bâtiment, en équerre, plus haut d’un étage, profite de l’horizon du plateau de la Marne. Y prennent place trois espaces et/ou moments importants qui scandent la journée ou la semaine de l’enfant : s’exercer à la musique ou aux arts plastiques dans la salle polyvalente, découvrir ses capacités physiques dans la salle de motricité. Apprécier le savoir accumulé dans la bibliothèque aménagée dans le bâtiment ancien. Dans ces lieux en belvédère, l’enfant peut peut-être voir plus loin encore.

Les toitures des maisonnées forment comme de grandes vagues successives, elles maximisent les pentes exposées au soleil pour capter sa chaleur l’été sous forme d’eau chaude. Grâce à un stockage inter saisonnier la chaleur est restituée aux saisons froides pour le chauffage de l’école. L’énergie du soleil est aussi transformée en électricité qui prendra le relais grâce à des pompes à chaleur si nécessaire. Ainsi les toits des « maisons » qui abritent les enfants autonomisent énergétiquement l’école, la rendant positive.

La fonctionnalité est simple, évidente, elle facilite les flux, les repérages, les échanges. L’école se déploie sur trois niveaux avec des temporalités et des espaces propres à chaque usage. Les corps s’y déplacent avec aisance, les distributions sont spacieuses et la lumière naturelle est partout. Encore ce jeu des toitures qui apporte la lumière douce du nord dans toute l’épaisseur du bâtiment et permet la bonne circulation de la ventilation naturelle.

La matérialité du mur d’enceinte-soubassement, constituée de briques beiges de réemploi, reprend les tonalités de la gendarmerie ; les grands aplats des avancées des maisonnées sont enduits d’un traditionnel chaux-plâtre et les volumes en retrait sont dessinés de bardage à clins vertical de douglas. 

L’ensemble est édifié avec des procédés et matériaux ayant le plus faible impact sur notre environnement pour assurer les fonctions souhaitées. La structure du bâtiment neuf est une charpente de bois massif, avec le minimum de transformation. L’enveloppe est composée de murs à ossature isolés en paille, bottes ou hachée suivant la localisation. Ces matériaux ont fait leurs preuves pour le confort d’été comme d’hiver. L’ile de France est un gisement gigantesque de ressources à réutiliser. Les composants de l’école auront des provenances les plus locales, en réemploi comme en matière.

Et puis la chance de pouvoir effectuer un travail de co-éco-conception avec les équipes en place et même les enfants, l’école Dudragne existante nous permettra d’affiner le projet pour répondre tant aux pratiques actuelles que celles à adopter pour s’adapter au monde qui s’annonce. 

Faire une école de l’apprentissage de l’écologie avec le cadre même de l’école, le cadre de vie des enfants comme démonstrateur de cette transition incontournable et urgente.

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